Sunday, 09 December 2012 10:40

De Jean Sébastien Bach à Leonard Cohen, la messe est dite ! Featured

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Les choristes et l'orchestres sous la direction de Jacky Locks Les choristes et l'orchestres sous la direction de Jacky Locks Photographie : Damien Blanchot

  

 Hier soir, ce ne sont pas moins de 200 voix et 50 instruments qui ont fait vibrer les murs de la cathédrale Saint Étienne de Metz. Plus une place assise disponible, des coursives bondées, et cela malgré le froid, il ne reste plus le moindre espace, même pour le doute : avant même de débuter, ce spectacle s’annonce comme un immense succès populaire !

 

La grande région (comprenez le nord est de la France, le Luxembourg, l’Allemagne du Sud ouest et la Belgique) foisonne de chanteurs amateurs auxquels Jacky Locks, attaché principal au président de région Jean Pierre Masseret, adore lancer des défis. Celui du jour n’était pas des moindres : explorer le monde et voyager dans le temps, à travers une série d’Alléluias, extraits d’œuvres majeures et découvertes de circonstance. Un concept ambitieux et original qui mérite un petit débrief en semi-profondeur.

 

D’emblée le clin d’œil européen est affiché par l’orchestre qui ouvre la soirée avec le « Te Deum » de Marc Antoine Charpentier, bien connu de tous comme l’hymne qui chaque année ouvre l’eurovision.

 

Le chœur répond avec brio par un Alléluia a cappella de Romuald Twardowski emprunt d’une sérénité et d’une pureté presque virginale. Les voix s’animent quand vient le passage de contrepoint, et la fin magistrale et massive implore avec pertinence les murs sacrés qui nous entourent d’accueillir la suite avec la bienveillance qui s’impose.

 

Les couleurs s’enchainent par la suite, nous transportant tout d’abord en Afrique aux accents chaleureux affirmant un peu plus l’éclectisme assumé de cette soirée. L’orchestre et le chœur trouvent petit à petit le juste équilibre et nous entrainent à travers les cieux virevoltants grâce aux tourbillons dansants et virtuoses de l’Alléluia baroque de Buxtehude.

 

Photographie : Damien BlanchotMozart prendra le relais apportant une autre approche du chœur en tant qu’accompagnateur d’une soprano solo. Cette jeune artiste lyrique filera plusieurs mouvements tantôt en retenue, dans un dialogue sensible avec l’orchestre, tantôt en habitant littéralement la cathédrale dans un immense « hourra » adressé au ciel, touché autant que le public par les envolées lyriques sobres et maitrisées.

 

L’Alléluia de Randall Thompson repose l’ensemble des choristes du grand chœur dans un a capella dont le début à peine soufflé, nous entraine petit à petit dans des tourbillons venteux à l’harmonie dense. Il accélère, continue son ascension pour nous laisser en suspension face aux cieux dégagés dans de magnifiques accords de fin, tendus et pleins d’espaces, qui vont se résoudre comme cet alléluia a commencé : dans un souffle.

 

C’est ensuite Novo Genere, groupe vocal amateur pointu, composé d’une quinzaine de choristes triés sur le volet, qui prend le relais et révèle une autre facette de l’Alléluia aux accents jazzy et gospel propulsant une musique aux couleurs filmiques et « Gershwiniènes » dans la nef de la cathédrale.

 

Le choeur régional de LorraineIl reste encore une surprise dans la manche de Jaky Locks qui enchaine avec brio la direction de ces différentes formations depuis plus d’une heure : les jeunes choristes lorrains et luxembourgeois du Chœur Régional de Lorraine. Ils font leur entrée et nous posent ici dans la variété pop accompagnée à la guitare et aux percussions. Un Hallelujah très « teenage movie » en accord parfait avec le chœur qui le proclame. Celui ci vient parachever le paysage du voyage entamé voilà bientôt une heure et demi de manière toujours aussi surprenante, fraiche et cohérente !

 

La suite nous dépose sur les berges du Mississipi avec des couleurs très « Black New Orleans », en repassant par Bach, mariant les différents chœurs et l’orchestre jusqu’au point d’orgue de ce concert attendu de tous : l’Alléluia extrait du « Messie » de Haendel. Massif, il s’élève majestueusement le long des colonnades de la cathédrale qui accueille de toute sa résonance la puissance et la précision jouissive que livrent chœurs et orchestre comme un seul être spirituel. Le moment et magique et arrache des frissons à l’assemblée que même le froid n’avait su exiger de nos épidermes !!!

 

La représentation s’achèvera sur une reprise de l’Hallelujah de Leonard Cohen (remis au gout du jour par Jeff Buckley et de nombreux interprètes depuis). Le choix de ce classique folk pour rassembler l’ensemble des protagonistes de cette soirée autour d’une ultime prière païenne ne peut être que salué. Cette version adaptée pour chœur et orchestre ouvre une nouvelle porte à la diversité et au partage, donnant la parole à chaque pupitre, et laissant l’orchestre se glisser progressivement dans la danse.

 

Jacky Locks en maitre de cérémonie impécableMariant habilement hommage à la musique sacrée et ouverture sur le monde et la diversité de ses musiques ce concert est un ovni plaisant comme on aimerait en voir plus souvent. C’est un moment d’exception qui permet aux publics et aux artistes de se rencontrer en dehors de leur zone de confort. Nous ne sommes pas en présence de spécialistes de musique classique ou sacrée, ni face à un chœur de variété, nous sommes en présence de passionnés qui n’ont pour seul objectif que celui de créer et partager un moment musical avec tous ceux qui voudront leur faire le plaisir de les écouter. Une bien belle expérience à n’en point douter !

 

 

 

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Jean Paul Grouv

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